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Coline
Eyquert pourra-t-elle assassiner un brave retraité, Roger Purinet, au cours de leur
voyage organisé sur lîle de Xharma, en Méditerranée ? Comment, et surtout,
pourquoi ? Par souci de justice? Par éthique ? Par intérêt - pour fuir la crèche
municipale quelle ne supporte plus ? Par jeu ? Lopération est
problématique, tant techniquement que moralement. Et sur cette île dénaturée par le
tourisme facile, Coline doit composer avec les autres participants au circuit (un adepte
du New-Age, deux soeurs erotically correct...), avec un guide un peu trop entreprenant,
avec des mouettes rieuses et des anges niais. Des anges, mais parfois aussi des dragons...
On pourrait dire suspens métaphysique, ou
réflexion philosophique sur la culpabilité et le repentir, ou bien encore jeu de
funambule entre la peur des remords et la peur des regrets...
On pourrait aussi mettre en avant la création dune île historique
de la Méditerranée, Xharma, dont on visite sites et monuments, ainsi que la critique
sociale très cocasse des voyages organisés et des ésotérismes de tout poil...
Tout cela est vrai mais ne résume pas ce roman, car ce quon y
retrouve, cest Carole de Sydrac, déjà découverte dans « Cherche
secrétaire aimant Vermeer » et dans « La soeur perdue du moine
Philibert », cest son humour au vitriol, sa lucidité sans pitié et
son humanité douloureuse et toujours ambiguë; cest aussi son style serré, tout en
ellipse et en finesse, larchitecture de sa construction, son jeu des
correspondances... Et puis ses personnages pittoresques, tellement ridicules et tellement
vrais, tellement égocentriques et tellement seuls...
Dans Tour-Epurator, Carole de Sydrac apporte aussi, tout en
légèreté et parfois en éclats de rire, le poids du pathétique, car cest de la
mort dont finalement elle parle, la mort dans un accident de voiture, la mort dun
alcoolique cardiaque, la mort dun ourson, la mort dune île engloutie par la
consommation touristique, engloutie comme une civilisation, comme une époque révolue... |